L’histoire d’Alfred
C’est tout à fait par hasard qu’Alfred a découvert Face à Face. Il venait à l’époque d’être libéré de prison lorsque « Café gratuit » affiché sur la porte de l’organisme a attiré son attention. Vingt-cinq ans plus tard, il vient encore y faire son tour. « Je vais chez Face à Face pour leur dire que je suis toujours vivant et pour les embêter, pour mettre un sourire sur leurs lèvres », dit-il à la blague. Alfred est présentement hospitalisé. Il souffre d’une grande faiblesse cardiaque. Tout au long de l’entrevue, il fait souvent une pause pour reprendre son souffle. Malgré tout, le moral est bon. C’est un homme direct, drôle et un survivant. Il entretient une loyauté inébranlable envers Face à Face. Il saisit bien l’impact de cet organisme, ayant lui-même bénéficié des services qui y sont offerts.
Au cours des 25 dernières années, il a fait appel à cet organisme à maintes reprises. Confronté à l’adversité pendant la majeure partie de sa vie, il a eu de la difficulté à s’installer dans un endroit propice à son rétablissement et à son équilibre. Il a vécu dans la rue, en appartement, dans des motels et ce cycle s’est perpétué. Face à Face l’a toujours appuyé, écouté, guidé et soutenu. Depuis, il est devenu en quelque sorte le porte-parole officieux de l’organisme en acceptant de prendre la parole dans le cadre de leurs activités de levée de fonds. Il s’engage à prendre part aux événements à venir, « même si je suis hospitalisé, je trouverai le moyen de me déplacer ». Il s’exprime d’un ton calme, mais il a de la difficulté à parler en public. Souvent, son passé refait surface lorsqu’il prend la parole – un passé ponctué de sévices et marqué par le décès de sa sœur qui le hante toujours. « Je travaille là-dessus », dit-il. Malgré ces traumatismes, Alfred choisit tout de même de partager son histoire, et ce, en raison de sa mission : « Je veux m’assurer que Face à Face continue d’exister ».
Pour Alfred, Face à Face a transformé sa vie. Il s’y sent en paix et y a rencontré des gens en qui il a confiance. C’est, dit-il, « le seul organisme qui me traite avec dignité et qui voit en moi bien plus qu’un individu ayant des problèmes ». « C’est la meilleure façon de résumer l’incroyable côté humain de cet organisme – ce qui le distingue des autres fournisseurs de services et qui justifie qu’il soit maintenu ».
Écrit par Emma Telaro