Approche axée sur la réduction des méfaits

Face à Face connaît du succès dans ses interventions grâce à son approche : un cadre clinique humanisant qui préconise l’approche axée sur la réduction des méfaits. Cette approche vise à diminuer les préjudices liés à des comportements à risque en impliquant activement les individus dans leur propre cheminement. Des mesures d’accompagnement incitent les individus à identifier eux-mêmes les comportements négatifs et à les éliminer progressivement, jusqu’à ce que leur mode de vie soit exempt de préjudices. S’il est vrai que cette approche n’est pas toujours bien reçue, il n’en demeure pas moins que son taux de réussite est supérieur aux modèles médicaux traditionnels, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une méthode qui s’attarde aux systèmes d’oppression – les conséquences du racisme, du capacitisme et des inégalités socio-politiques et fondées sur le sexe – et qui en tient compte dans l’élaboration de stratégies de rétablissement. La directrice de Face à Face, Grace Fontes, indique que « les gens ne se lèvent pas le matin en se disant qu’ils ne veulent pas faire partie d’un grand tissu social. Au contraire, mais le problème c’est que la vie nous réserve des surprises, parfois indépendantes de notre volonté. » Le rôle de Face à Face est d’aider ces individus à reprendre le contrôle. Peu de gens demandent à leurs clients « Que voulez-vous? Qu’est-ce qui pourrait vous aider? » et, plus important encore, « Qu’est-ce que cela signifie pour vous? » Ce sont des questions comme celles-là qui permettent aux individus de prendre en main leur propre rétablissement, en insistant sur l’autonomisation, l’autodétermination et la dignité individuelle. Il ne fait aucun doute que cette approche fonctionne : Face à Face réalise plus de 22 000 interventions chaque année et regroupe 200 bénévoles qui consacrent annuellement plus de 10 000 heures de bénévolat. Cette approche est sous-financée, mais elle donne de bons résultats. Comme le dit si bien Grace, « Ce que nous faisons, nous le faisons bien. Ce dont nous avons besoin en ce moment, c’est du financement. » L’organisme se doit désespérément de remplacer le financement qu’elle a perdu pour continuer à répondre efficacement aux besoins de sa clientèle. Les petits organismes sont bien souvent au cœur des collectivités et accomplissent un travail louable avec bien peu de moyens. Face à Face est du nombre. L’organisme est méconnu des grands donateurs, mais pour les 20 000 individus qui font appel à ses services chaque année, Face à Face accomplit un travail inestimable. C’est grâce au bouche à oreille que Face à Face a réussi à survivre toutes ces années.

Devant l’approche inclusive et orientée vers les solutions que privilégie Face à Face, Grace a bon espoir que « nous parviendrons à trouver des alliés pour continuer à faire ce que nous faisons ».

Écrit par Emma Telaro