En souvenir de 150 ans de pensionnats autochtones le jour du 154e anniversaire du Canada

Quand Phyllis Webstad n’avait que six ans, elle est allée à Mission pour une année scolaire. C’était en 1973. Elle vivait avec sa grand-mère qui n’avait jamais beaucoup d’argent, mais sa grand-mère lui a acheté une toute nouvelle tenue pour aller à l’école. Phyllis a choisi un chandail orange brillant et s’est sentie tellement excitée d’aller à l’école. Quand elle est arrivée à Mission, ils l’ont déshabillée, ont pris ses vêtements et elle n’a plus jamais revu ce chandail orange.

À 13 ans, elle a eu un fils. Comme sa mère et sa grand-mère sont allées dans des pensionnats, elle ne savait pas ce que cela signifiait d’être parent et avait besoin de l’aide de sa tante. À 27 ans, elle a commencé son voyage de guérison. Elle écrit : « Je comprends enfin que le sentiment d’inutilité et d’insignifiance, enraciné en moi dès mon premier jour à la Mission, a affecté la façon dont j’ai vécu ma vie pendant de nombreuses années. Même maintenant, alors que je sais que rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité, j’ai encore parfois l’impression que je n’ai pas d’importance. Même avec tout le travail que j’ai fait! »

C’est une histoire habituellement racontée le 30 septembre à l’occasion de la Journée nationale pour la vérité et la réconciliation. Phyllis a créé Orange Shirt Day à la même date. Mais il est important de raconter cette histoire aujourd’hui, car les effets néfastes des pensionnats autochtones du Canada sont toujours présents et ressentis chaque jour.

À la fin mai, les restes de 215 enfants ont été retrouvés dans l’ancien pensionnat de Kamloops en Colombie-Britannique. Depuis, 715 autres tombes non marquées ont été découvertes dans les pensionnats de la Saskatchewan. Hier, le 30 juin, 182 autres tombes anonymes ont été découvertes près d’un autre pensionnat en Colombie-Britannique. En 2019, il a été signalé que le nombre d’enfants identifiés dans les registres de décès à l’époque des pensionnats autochtones au Canada était d’environ 4 200. Environ 1 600 d’entre eux étaient anonymes. On estime qu’il y en a des milliers d’autres alors que nous continuons à trouver des restes.

Les pensionnats ne sont pas si loin dans le passé que les Canadiens voudraient le croire. Le tout dernier pensionnat autochtone au Canada a fermé ses portes en 1996, ce qui signifie que des personnes de 25 ans aujourd’hui étaient en vie pendant que ces écoles fonctionnaient. De nombreux survivants des pensionnats sont vivants. Et l’abus qui a eu lieu n’est pas un secret, comme le premier ministre John A. MacDonald a dit qu’ils devaient « battre l’Indien hors de l’enfant ». Ce n’est pas dans nos livres d’histoire, cependant.

La même année où le dernier pensionnat a fermé, la Commission royale sur les peuples autochtones a publié son rapport final, dont le cinquième volume présentait une feuille de route vers la réconciliation. Le rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada a été publié en 2015 puisque le Canada a échoué à mettre en œuvre les solutions proposées. La CVR contient 94 appels à l’action, y compris la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Il y a encore beaucoup de travail à faire.

Chez Face a Face, nous reconnaissons que les peuples autochtones sont touchés de manière disproportionnée par l’itinérance en raison de notre histoire coloniale, qui comprend les pensionnats autochtones et la discrimination continue. Des enfants ont été volés de leurs familles et traumatisés. Même ceux qui n’ont pas fréquenté les pensionnats font face au traumatisme intergénérationnel et à la transmission du traumatisme historique. Ces atrocités étaient légales et acceptables. Ce n’est qu’en 2008 que le gouvernement canadien s’est excusé.

Plus de 150 000 enfants ont fréquenté les pensionnats au cours de leurs 150 années d’existence. Plus de 6000 enfants sont morts dans le système. Gardons ces chiffres à l’esprit alors que le Canada célèbre son 154e anniversaire.

Pour plus d’information:

Lisez le rapport CRPA

Lisez les rapports de la CVR

Faire un don et du bénévolat:

Open Door

Résilience Montréal

Repas pour Milton Parc

Projets autochtones du Québec

Centre d’amitié autochtone de Montréal  

NYSHN

Sept générations

Autres ressources: 

Boîte à outils numérique des Premières Nations

Empowering the spirit

Reconciliation Canada

Indiginews

Le problème avec le projet de loi 96

Le Québec renforce de nouveau ses lois linguistiques, citant une baisse de l’utilisation du français dans la province. Alors que beaucoup se réjouissent du projet de loi 96, d’autres s’inquiètent de l’impact qu’il aura sur les droits de la personne, en partie à cause de son utilisation de la clause nonobstant pour contourner les articles des chartes des droits fédéraux et provinciaux. Parmi les personnes les plus touchées seraient les anglophones à faible revenu et les immigrants récents qui ne parlent pas couramment le français.

Le projet de loi 96 dicte que le français sera la seule langue dans laquelle le gouvernement pourrait communiquer avec les gens, avec des exceptions pour ceux qui ont le droit d’aller à l’école primaire en anglais, ceux qui ont déjà communiqué avec le même organisme gouvernemental en anglais avant 2021, les immigrants qui sont au Québec depuis moins de six mois et les Autochtones.

Le ministre responsable du projet de loi 96, Simon Jolin-Barrette, affirme que cela ne changera rien pour les anglophones et ne dépouille personne de ses droits. Mais sous la surface, le projet de loi 96 posera des défis majeurs à une population déjà vulnérable dans la province. Certaines des personnes qui subiront les conséquences les plus dures sont celles qui ont besoin d’avoir accès à l’aide sociale et les pensions. Ceux qui ont une maîtrise limitée de la langue française pourraient ne pas être en mesure de comprendre les conditions d’admissibilité, par exemple, car l’information est compliquée et technique.

Par exemple, il pourrait être difficile pour un sans-abri de fournir au gouvernement des documents satisfaisants prouvant son droit de communiquer avec eux en anglais, la seule langue qu’il comprend. Cette barrière supplémentaire sera d’autant plus frustrante puisqu’elle est délibérée et inutile. Les traductions en anglais des lettres types du gouvernement seront toujours rédigées, mais ceux qui ne sont pas éligibles seront interdit de les recevoir. Les agents du gouvernement peuvent souhaiter parler anglais au téléphone à des personnes vulnérables qui ne comprennent pas le français, mais il leur sera interdit de le faire.

Face à Face travail avec des populations vulnérables et a vu d’innombrables exemples de personnes découragées par les formalités administratives du gouvernement d’accéder à leurs droits économiques et sociaux. Beaucoup de ceux avec qui nous travaillons sont plus à l’aise en anglais, utilisent nos services de réception du courrier pour obtenir leurs chèques d’aide sociale, et il leur est déjà difficile d’obtenir des papiers officiels et une pièce d’identité, même dans le meilleur des cas.

Le français étant déjà la langue officielle du Québec depuis des décennies, les nouvelles exigences de la loi 96 qui empêchent le gouvernement de communiquer dans des langues non officielles même avec des personnes vulnérables semblent au mieux inutiles.

La solitude en pleine pandémie

La pandémie a eu des conséquences néfastes sur la santé mentale de tous. Les gens sont affectés par le stress et l’anxiété de l’isolement, la peur de tomber malade et le deuil de la perte de la normalité ou peut-être de leurs proches. La pandémie a également limité tous les contacts sociaux, l’exercice, le temps passé à l’extérieur et a généralement interrompu nos activités quotidiennes. Cette semaine, le Québec lève sa mesure de couvre-feu «28 jours» après près de six mois.

Mais, même avec l’annonce du plan de réouverture, les effets de l’année persistent. De nombreux Québécois ont déclaré être anxieux de retrouver une vie sociale «normale» après des mois d’isolement. Même s’ils ont la possibilité de socialiser à nouveau, beaucoup continueront de rester à la maison, contribuant à la solitude. D’autres n’ont pas accès à un réseau de soutien qui peut les aider à surmonter ces sentiments et sont déconnectés de leur famille ou de leurs amis.

La pandémie a également empiré des problèmes déjà existants tels que les féminicides et la violence domestique. En avril, 10 femmes avaient déjà été assassinées, et le Québec a déclaré une crise de violence conjugale. La toxicomanie et les surdoses ont également augmenté. Un rapport publié en décembre 2020 a montré que 40% des Canadiens ont eu des difficultés de santé mentale et leur dépendance a augmenté depuis le début de la pandémie. En 2020, 547 personnes sont décédées des suites d’une surdose d’opioïdes au Québec et en Ontario, le nombre de décès par surdose a augmenté de 135%.

Les jeunes et les étudiants ont été particulièrement touchés par la solitude et le sentiment de déconnexion ainsi que par des symptômes d’anxiété et de dépression. La solitude était déjà à la hausse avant la pandémie avec un Canadien sur cinq déclarant se sentir seul en 2018. Des études montrent que les médias sociaux contribuent au sentiment de solitude et d’isolement. Par contre, en distanciation sociale les réseaux sociaux sont souvent leur fenêtre au monde extérieur.

Tout comme les jeunes, les personnes âgées ont été confrontées à la solitude bien avant la pandémie. Ceux qui sont dans les hôpitaux et les maisons de retraite, qui ont été ravagés par la COVID-19, sont particulièrement vulnérables. Leurs familles n’ont pas été autorisées à visiter et beaucoup ne sont pas à l’aise avec la technologie, ce qui augmente les sentiments de solitude et de peur.

La solitude est mortelle. Des études ont montré que la solitude affecte directement l’espérance de vie en affaiblissant le système immunitaire, ce qui peut accroître la vulnérabilité aux maladies et aux infections. Des périodes prolongées de solitude peuvent augmenter les maladies mentales et physiques et avoir un impact sur le cerveau, affectant la performance de raisonnement et de mémoire, l’homéostasie hormonale (qui contrôle la glycémie et la pression artérielle), la quantité de matière grise et blanche du cerveau, ainsi que la connectivité et la fonction. Les risques augmentent au fur et à mesure que les gens restent dans un état de solitude.

Si vous n’avez pas de réseau de soutien ou si vous craignez de reprendre une vie sociale semi-normale alors que la province rouvrira cet été, vous n’êtes pas seul. Face à Face offre des services de conseil et une ligne d’écoute active pour vous offrir la possibilité d’exprimer vos pensées et vos sentiments dans un environnement accueillant et confidentiel. Nous visons à soutenir les individus vulnérables et isolés pour encourager le processus d’autonomisation et de réinsertion sociale.

Nous avons une équipe de stagiaires formés et de travailleurs communautaires qui sont disponibles pour vous écouter et vous aider à surmonter vos difficultés personnelles. Ensemble, nous pouvons identifier vos forces et vos ressources personnelles pour vous aider. Un service de référence est également disponible pour d’autres ressources communautaires et de santé mentale.

Même si vous ne voulez pas de services de conseil et avez simplement besoin de quelqu’un pour vous écouter et parler, n’hésitez pas à appeler notre ligne d’assistance au 514-934-4546.

Autres ressources:

Crise de logement à Montreal: que peut-on faire?

Si la recherche d’un appartement à Montréal vous fait tourner la tête cette année, vous n’êtes pas seul. Un rapport publié la semaine dernière montre qu’en 2020, la ville a connu sa plus forte augmentation de loyer au cours des derniers 18 ans. Et oui, pendant une pandémie.

En plus de la flambée des prix, les groupes de locataires ont travaillé sans relâche pour aider les gens à naviguer les pratiques discriminatoires, les conditions des appartements et les expulsions sous le prétexte de rénovations pour augmenter le loyer. De plus en plus de personnes sont contraintes d’accepter de mauvaises conditions, prendre un bail qu’elles n’ont pas les moyens de payer ou de rester logées dans leurs appartements.

Les Montréalais s’inquiètent de l’accélération de la crise du logement depuis des années. Par exemple, Parc-Extension subit les effets de l’embourgeoisement provoqués par un nouveau campus de l’Université de Montréal dans la région depuis 2017. Bien que 43% des ménages de Parc-Extension vivent sous le seuil de pauvreté, les prix des loyers ont augmenté tandis que les principaux pôles culturels sont achetés par les promoteurs de condos.

L’administration municipale précédente avait promis aux résidents 225 logements sociaux. En 2019, seulement 54 unités avaient été construites. Selon les données du recensement de 2015, la population itinérante de Montréal a atteint plus de 3 000 personnes, dont plus de 400 dorment dehors. Bien que les taux d’itinérance soient inférieurs à ceux d’autres grandes villes confrontées à des crises du logement comme Toronto et Vancouver, Montréal compte un plus grand nombre de personnes qui dorment à l’extérieur.

Le 1er juillet, jour du déménagement de Montréal, qui approche rapidement, les facteurs provoqués par la pandémie comme la perte de revenus et les limites des visites en personne présentent des défis supplémentaires. Alors que les gens ont du mal à trouver un logement, le premier ministre du Québec s’est avéré déconnecté de la réalité de la ville en estimant qu’un appartement à Montréal coûte 500$ par mois.

Les chiffres sont sinistres. Même si le Québec annonce un projet de 151 millions de dollars pour la construction de 1 500 logements abordables dans la province, plusieurs sont sceptiques puisque ces promesses ont déjà été faites. Mais c’est un pas en avant qui est cruellement nécessaire. Les militants du logement ont également plaidé pour un registre des loyers obligatoire, accessible au public et gratuit pour exiger la responsabilité. Cependant, le gouvernement provincial a jugé le projet «trop cher».

Bien que beaucoup hésitent à compter sur le gouvernement, il existe des moyens pour les Montréalais de travailler ensemble pour maintenir les loyers bas et s’entraider à trouver un logement. Voici quelques informations importantes que tout le monde devrait connaître:

Refus de logement pour raisons discriminatoires?

Si vous n’êtes pas certains, voici les motifs de discrimination reconnus par la Charte des droits et libertés de la personne :

  • Origine ethnique ou couleur de peau
  • Sexe, identité ou expression de genre
  • Grossesse (être enceinte ou en congé parental)
  • Orientation sexuelle
  • État civil, c’est-à-dire la situation familiale d’une personne (être célibataire, marié, divorcé, avoir ou non des enfants)
  • Âge
  • Religion
  • Convictions politiques
  • Langue
  • Condition sociale, soit la situation sociale d’une personne en raison de son revenu, de son métier ou de son niveau de scolarité. Un propriétaire est en droit de vérifier votre capacité à payer le loyer, mais il ne peut pas discriminer selon la source du revenu.
  • Handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier à ce handicap (avoir recours à un chien d’assistance ou se déplacer en fauteuil roulant par exemple) *(C-12, CDLP, article 10)

Comment porter plainte? Est-ce que ça en vaut la peine?

Oui! Il est toujours important de connaître et exercer ses droits. La Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) est l’organisme qui peut recevoir votre plainte. Avant de contacter la Commission, vous devez avoir en main des preuves telles que:

  • L’annonce du logement à louer (capture d’écran, coupure de journal)
  • Copie du formulaire de prélocation complété, échanges courriels ou texto avec le propriétaire qui démontrent son refus
  • Date et heure du contact téléphonique ou de la visite du logement
  • Nom et coordonnées du propriétaire ou de la personne mandatée
  • Si possible, au moins une (1) preuve (témoin, photo de la pancarte, texto, ami qui a appelé après nous et qui s’est fait offrir une visite) que le logement est toujours disponible.

Pour joindre le personnel de la Commission (CDPDJ) : 1-800-361-6477. Suite à votre appel, les agents de la CDPDJ peuvent intervenir rapidement dans un délai de 24 à 48 h en contactant le propriétaire fautif pour lui rappeler ses obligations en vertu de la Charte. Pour plusieurs personnes, cette démarche fonctionne. Pour les autres, une plainte en bonne et due forme peut être déposée afin qu’une enquête soit menée. 

Source: Comité logement Ville-Marie 

Transfert de votre bail.

Saviez-vous que vous pouvez céder votre bail à quelqu’un d’autre? Cela signifie que le prochain locataire paiera le même loyer que vous. Vous devez aviser votre propriétaire de votre intention de céder votre bail par écrit et il n’est pas autorisé à refuser la cession sans motif sérieux. Si vous pensez que votre propriétaire a refusé une cession de bail en raison de discrimination, reportez-vous à la section précédente. Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://www.tal.gouv.qc.ca/fr/cession-d-un-bail-ou-sous-location 

Vérifiez toujours combien le locataire précédent a payé en loyer.

Selon la loi, les propriétaires doivent divulguer combien le locataire précédent a payé par mois dans la section G d’un bail. Souvent, les propriétaires omettent ces informations et les locataires n’ont aucun moyen de vérifier si elles sont exactes. Fournir au prochain locataire une copie de votre bail, en personne ou par courrier, est un acte de solidarité et maintient les prix sous contrôle.

Comment éviter les hausses de loyer abusives?

Une fois que vous avez votre nouveau bail en main, vérifiez la section G. Si le propriétaire vous facture plus que ce qui est indiqué dans la section G, vous avez 10 jours après la signature pour demander une révision de prix. Si le propriétaire n’a pas indiqué le prix du loyer précédent ou a truqué les informations, vous avez jusqu’à deux mois pour demander une révision.

Comment refuser une augmentation de loyer?

Les propriétaires ne sont autorisés à augmenter votre loyer que d’un petit pourcentage chaque année en fonction des rénovations majeures et des taxes. Votre propriétaire doit vous fournir tous les documents nécessaires prouvant que la hausse de loyer est justifiée.

La hausse de loyer doit se faire par écrit selon le modèle de la Régie du logement. Après avoir reçu le document, vous avez un mois pour imprimer le formulaire de refus sur le site Web de la Régie, remplir vos informations et réponses, et l’envoyer à votre propriétaire. Si vous et votre propriétaire ne parvenez pas à vous entendre sur un prix, ils ont un mois pour ouvrir un dossier auprès de la Régie qui vous convoque ensuite à une audience et fixera un prix équitable.

Qu’est-ce que Face à Face peut faire pour moi?

Face à Face Montréal offre des services pour trouver un logement. Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet, nous pouvons effectuer des recherches de logement en ligne et fournir une liste de numéros de téléphone à contacter. Dans des circonstances particulières, nous pouvons également accompagner les clients lors de leurs visites. Nous proposons des références vers des refuges et des logements sociaux.

Jen et Charlie

Jen et Charlie cumulent ensemble 7 années de service à titre d’employées et de bénévoles chez Face à Face. Jen y a fait ses débuts alors qu’elle était étudiante, tandis que Charlie s’est jointe à l’organisme en tant que bénévole. Leur engagement envers l’organisme et les gens avec qui elles ont été appelées à travailler les ont amenées à jouer différents rôles. Charlie a également été coordonnatrice des bénévoles et chargée du recrutement, de la formation et de la supervision de l’équipe clinique de bénévoles. Pour sa part, Jen s’est impliquée à fond dans le réseautage avec des organismes partenaires et des fondations, en plus d’organiser et d’actualiser la banque de données sur les ressources de Face à Face qu’utilise actuellement l’organisme.

Elles ont terminé leurs études et ont entamé leur carrière professionnelle. Malgré leur horaire chargé, elles sont toujours dévouées devant la mission de Face à Face. Jen, qui œuvre au sein de la communauté, considère Face à Face comme une « ressource alliée », un centre où trouver de l’information, obtenir des consultations et, surtout, pour diriger les clients vers les ressources appropriées. Charlie, qui occupe un poste de conseillère pédagogique tout en complétant son doctorat en psychologie du développement, est tout à fait d’accord avec les propos de Jen.

Les compétences qu’elles ont acquises durant leur passage à Face à Face les ont aidées à développer leur identité professionnelle et ont renforcé leur passion à travailler avec les gens. Elles se souviennent d’avoir approfondi et raffiné leurs habiletés interpersonnelles, leur écoute active et leurs compétences en intervention de crise, sans compter qu’elles ont découvert une mine de ressources qui les aident aujourd’hui dans leur travail. Jen et Charlie n’ont que des éloges à l’endroit du réseau d’amis et de collègues que constitue Face à Face. Travailler avec des groupes marginaux, des individus vulnérables n’est pas chose facile, mais Face à Face regroupe une équipe extraordinaire qui travaille pour le plus grand bien de tous et adopte une approche humaine, attentionnée et d’auto-prise en charge. À la question « Comment parvenez-vous à décrocher? » – devant les situations difficiles, les rencontres déchirantes –, elles poussent un soupir et sourient. Jen mentionne que le fait de marcher pour retourner à la maison l’aide à faire le vide et qu’elle s’efforce de se changer les idées entre les quarts de travail. Quant à Charlie, elle apprend à faire confiance à ses clients, elle souligne comment ils ont toujours l’air d’aller mieux le matin malgré les bouleversements de la veille. Mais lorsque les journées sont particulièrement difficiles, on peut toujours compter sur l’équipe. Ils veillent les uns sur les autres et se préoccupent du bien-être de chacun. « Face à Face, c’est une grande famille », déclare Jen. Au-delà des compétences et des gens, il y a « l’ambiance qui règne ici chaque jour », ajoute Charlie. Toutes deux conscientes des grandes difficultés auxquelles est présentement confronté Face à Face, un enjeu financier qui pourrait empêcher l’organisme de continuer à offrir des services, Jen et Charlie exhortent la population à poser un geste concret pour appuyer Face à Face. Nous nous devons de préserver à tout prix cet organisme communautaire. C’est pourquoi elles participent à toutes les levées de fonds et elles vous invitent à en faire autant. Jen et Charlie sont à l’image de la communauté que l’on retrouve chez Face à Face.


Écrit par Emma Telaro

Mike Palmer

Mike Palmer est directeur général de la Fondation des services communautaires catholiques, un organisme sans but lucratif propriétaire du bâtiment où est présentement situé Face à Face. Lorsque l’an dernier Centraide a soudainement décidé de retirer son appui financier à l’organisme Face à Face, ce dernier s’est vu contraint de trouver un autre local. Il va sans dire qu’il est souvent très difficile pour un organisme à but non lucratif de trouver des locaux. Or, Mike s’est montré extrêmement accueillant. Il a choisi d’aider Face à Face parce que cet organisme incarne la mission même de la fondation qui consiste à soutenir les organismes par l’entremise de ses infrastructures pour ainsi contribuer à transformer des vies. La fondation a créé un modèle unique, un « espace partagé », où elle loue des locaux à des organismes dans le besoin, plutôt que de privilégier ceux qui peuvent se payer les loyers faramineux du centre-ville. Ce faisant, ils ont réussi à redéfinir la vocation d’un immeuble. Voilà une rareté qui mérite d’être préservée : un modèle d’affaires qui vient en aide aux organismes sans but lucratif. La fondation a développé un espace pour permettre à des groupes de bienfaisance de former une collectivité pour ainsi s’entraider. L’immeuble où se trouve Face à Face regroupe 25 organismes, une communauté dynamique composée d’individus et de groupes qui, en dépit de leurs missions distinctes, se soutiennent les uns les autres. Lorsqu’on a demandé à Mike la contribution de Face à Face envers la communauté, il a répondu tout simplement : la vie. Quiconque pénètre dans l’immeuble est immédiatement empreint de cet esprit communautaire qui y règne. « Ce qu’il manquait vraiment, c’était un fournisseur de services… et maintenant, nous en avons plusieurs. Il y a des gens, de l’action, des situations difficiles, du travail est accompli au sein de la communauté. Mike invite vivement la population à apporter son soutien à Face à Face pour l’aider à surmonter ses difficultés financières – une situation qu’il connaît trop bien étant lui-même directeur d’un organisme sans but lucratif. Il admet que « ce n’est pas facile d’aider les gens et de transformer leur vie, et qu’un tel organisme mérite tout le soutien possible ». Il a tout à fait raison. Merci infiniment Mike pour ton appui soutenu.

Écrit par Emma Telaro

Approche axée sur la réduction des méfaits

Face à Face connaît du succès dans ses interventions grâce à son approche : un cadre clinique humanisant qui préconise l’approche axée sur la réduction des méfaits. Cette approche vise à diminuer les préjudices liés à des comportements à risque en impliquant activement les individus dans leur propre cheminement. Des mesures d’accompagnement incitent les individus à identifier eux-mêmes les comportements négatifs et à les éliminer progressivement, jusqu’à ce que leur mode de vie soit exempt de préjudices. S’il est vrai que cette approche n’est pas toujours bien reçue, il n’en demeure pas moins que son taux de réussite est supérieur aux modèles médicaux traditionnels, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’une méthode qui s’attarde aux systèmes d’oppression – les conséquences du racisme, du capacitisme et des inégalités socio-politiques et fondées sur le sexe – et qui en tient compte dans l’élaboration de stratégies de rétablissement. La directrice de Face à Face, Grace Fontes, indique que « les gens ne se lèvent pas le matin en se disant qu’ils ne veulent pas faire partie d’un grand tissu social. Au contraire, mais le problème c’est que la vie nous réserve des surprises, parfois indépendantes de notre volonté. » Le rôle de Face à Face est d’aider ces individus à reprendre le contrôle. Peu de gens demandent à leurs clients « Que voulez-vous? Qu’est-ce qui pourrait vous aider? » et, plus important encore, « Qu’est-ce que cela signifie pour vous? » Ce sont des questions comme celles-là qui permettent aux individus de prendre en main leur propre rétablissement, en insistant sur l’autonomisation, l’autodétermination et la dignité individuelle. Il ne fait aucun doute que cette approche fonctionne : Face à Face réalise plus de 22 000 interventions chaque année et regroupe 200 bénévoles qui consacrent annuellement plus de 10 000 heures de bénévolat. Cette approche est sous-financée, mais elle donne de bons résultats. Comme le dit si bien Grace, « Ce que nous faisons, nous le faisons bien. Ce dont nous avons besoin en ce moment, c’est du financement. » L’organisme se doit désespérément de remplacer le financement qu’elle a perdu pour continuer à répondre efficacement aux besoins de sa clientèle. Les petits organismes sont bien souvent au cœur des collectivités et accomplissent un travail louable avec bien peu de moyens. Face à Face est du nombre. L’organisme est méconnu des grands donateurs, mais pour les 20 000 individus qui font appel à ses services chaque année, Face à Face accomplit un travail inestimable. C’est grâce au bouche à oreille que Face à Face a réussi à survivre toutes ces années.

Devant l’approche inclusive et orientée vers les solutions que privilégie Face à Face, Grace a bon espoir que « nous parviendrons à trouver des alliés pour continuer à faire ce que nous faisons ».

Écrit par Emma Telaro

L’histoire d’Alfred

C’est tout à fait par hasard qu’Alfred a découvert Face à Face. Il venait à l’époque d’être libéré de prison lorsque « Café gratuit » affiché sur la porte de l’organisme a attiré son attention. Vingt-cinq ans plus tard, il vient encore y faire son tour. « Je vais chez Face à Face pour leur dire que je suis toujours vivant et pour les embêter, pour mettre un sourire sur leurs lèvres », dit-il à la blague. Alfred est présentement hospitalisé. Il souffre d’une grande faiblesse cardiaque. Tout au long de l’entrevue, il fait souvent une pause pour reprendre son souffle. Malgré tout, le moral est bon. C’est un homme direct, drôle et un survivant. Il entretient une loyauté inébranlable envers Face à Face. Il saisit bien l’impact de cet organisme, ayant lui-même bénéficié des services qui y sont offerts.

Au cours des 25 dernières années, il a fait appel à cet organisme à maintes reprises. Confronté à l’adversité pendant la majeure partie de sa vie, il a eu de la difficulté à s’installer dans un endroit propice à son rétablissement et à son équilibre. Il a vécu dans la rue, en appartement, dans des motels et ce cycle s’est perpétué. Face à Face l’a toujours appuyé, écouté, guidé et soutenu. Depuis, il est devenu en quelque sorte le porte-parole officieux de l’organisme en acceptant de prendre la parole dans le cadre de leurs activités de levée de fonds. Il s’engage à prendre part aux événements à venir, « même si je suis hospitalisé, je trouverai le moyen de me déplacer ». Il s’exprime d’un ton calme, mais il a de la difficulté à parler en public. Souvent, son passé refait surface lorsqu’il prend la parole – un passé ponctué de sévices et marqué par le décès de sa sœur qui le hante toujours. « Je travaille là-dessus », dit-il. Malgré ces traumatismes, Alfred choisit tout de même de partager son histoire, et ce, en raison de sa mission : « Je veux m’assurer que Face à Face continue d’exister ».

Pour Alfred, Face à Face a transformé sa vie. Il s’y sent en paix et y a rencontré des gens en qui il a confiance. C’est, dit-il, « le seul organisme qui me traite avec dignité et qui voit en moi bien plus qu’un individu ayant des problèmes ». « C’est la meilleure façon de résumer l’incroyable côté humain de cet organisme – ce qui le distingue des autres fournisseurs de services et qui justifie qu’il soit maintenu ».

Écrit par Emma Telaro